🕊️ Tribune de SOS Casamance
Vingt-sept ans après la nuit du 1er au 2 novembre 1998, le nom de Djifanghor Banjal reste gravé dans la mémoire blessée de la Casamance.
Ce petit village, situé à trois kilomètres de Ziguinchor, a été le théâtre d’un massacre de civils parmi les plus meurtriers du conflit casamançais.
Les habitants n’ont jamais oublié.
Et nous non plus.
Selon le rapport d’Amnesty International (AFR 49/001/2002), les forces armées sénégalaises, appuyées par des unités de sécurité, ont investi Djifanghor Banjal au cœur de la nuit, sous prétexte de traquer des rebelles.
Les rafales d’armes automatiques ont fauché des familles entières, les maisons ont été incendiées, et au matin, plus d’une trentaine de corps furent retrouvés dans les ruines.
Les survivants, bouleversés, n’ont eu le droit d’enterrer leurs morts qu’au bout de vingt jours, après avoir affronté le silence des autorités.
Parmi les victimes, des noms résonnent encore comme autant de blessures :
Jean-Baptiste Tendeng, Virginie Alanso Coly, Marie Diatta, Samuel Bassène et ses enfants, William et Adama Tendeng, enceinte de huit mois, la famille Félix Tendeng, Pierre Sikékébil Diatta, et la lignée de Bakary Manga, parmi d’autres anonymes.
Des hommes, des femmes, des enfants, des croyants de toutes confessions — musulmans, chrétiens, animistes — tués sans raison.
Leur seul tort : être nés ici, en Casamance.
Depuis ce jour, aucune enquête judiciaire n’a été ouverte.
Aucun procès n’a eu lieu.
Aucune reconnaissance officielle n’a été prononcée.
Les familles des victimes, les associations locales et la diaspora n’ont reçu que le silence, parfois le mépris.
Et pourtant, Djifanghor symbolise ce que la Casamance a vécu de plus douloureux : la guerre, l’oubli, et l’impunité.
Notre devoir de mémoire et d’action
Nous, SOS Casamance, association de solidarité, de mémoire et de paix, affirmons que la vérité sur Djifanghor est une condition essentielle de la réconciliation nationale.
Il ne peut y avoir de paix durable sans reconnaissance des crimes commis, ni de pardon sans justice.
Nous demandons :
1. L’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur les événements du 1er au 2 novembre 1998.
2. La reconnaissance officielle des victimes de Djifanghor par l’État du Sénégal.
3. La mise en place d’une commission “Vérité, Justice et Réconciliation” incluant les victimes du conflit casamançais.
4. L’érection d’un Mémorial de la Dignité et de la Paix à Ziguinchor et à Djifanghor, pour honorer la mémoire des disparus.
La Casamance a trop longtemps porté le poids du silence.
Ses enfants méritent la vérité, non par vengeance, mais pour la paix véritable — celle qui se construit sur la reconnaissance du passé.
Une flamme qui ne s’éteindra pas
Ce 2 novembre, partout où bat un cœur casamançais, une bougie s’allumera.
Une bougie pour les morts, une lumière pour la justice, une prière pour la paix.
Parce qu’aucune nation ne peut avancer en niant les souffrances de ses propres enfants.
Parce que la mémoire est le socle de la dignité humaine.
Djifanghor vit dans nos cœurs.
Et la vérité, tôt ou tard, sortira de l’ombre.
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SOS Casamance – Association de Solidarité, Mémoire et Paix
By: SOS Casamance – Association for Solidarity, Memory and Peace
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Paris – Ziguinchor, Novembre 2025